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Lettre à mon ami

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Mon ami, mon frère…
Tu es parti ce matin. Tu as attendu les premiers rayons du soleil et mon arrivée (j’aime à le croire) pour t’allonger dans l’herbe glacée, expirer et t’en aller.
Le reste du troupeau est là. Il veille.
Le poulain passe, il te mordille les oreilles, te pousse du nez. Les juments restent auprès de ton corps, chacune leur tour, gardiennes de ton passage vers les prairies infinies.
Le lendemain, nous partons rejoindre l’autre pré de l’autre côté de la forêt, laissant ta dépouille près de la maison. Mais à mi-chemin, l’une des juments, ta grande amie, s’arrête, regarde en arrière puis fait demi-tour. Un instant, j’hésite. Puis j’écoute mon cœur, j’accepte et je suis. Nous revenons tous auprès de ton corps.
Deux jours passent.
Puis, au petit matin du troisième jour, j’arrive avec les licols et là, tout le monde est prêt, marchant avec dynamisme à travers la forêt.
Le deuil est fini.
Tes congénères t’ont veillé trois jours et trois nuits, comme nous autres humains le faisions avec nos morts il y a encore peu…

Merci mon ami.
Merci pour ta vie passée à mes côtés, merci pour ton enseignement et pour ton indéfectible et si précieuse présence. Tu m’as accompagnée toutes ces années, de mon adolescence à ma maturité. Ta chaleur va me manquer.

Albane Galinou Bervas Médiation équine Psychanalyse